Newsletter #54 | septembre octobre 2018 |
Édito Se retrouver, là | |
"La situation est ainsi faite pour être vécue par ses constructeurs." « Un sage taoïste disait : Les pieds sur le sol occupent très peu d’espace ; c’est par tout l’espace qu’ils n’occupent pas qu’on peut marcher. » Et l’écrivain d’ajouter : « Ce qui veut dire d’abord qu’on ne tient pas en place. » (1) Et moi de penser : non. Ça n’est pas de ça qu’il s’agit. On ne parle pas d’une envie de bouger, de fourmis dans nos pauvres guibolles ! Mais d’abord de présence au lieu, d’être là en plein, sans effort ni autre bagage que les certitudes du temps qui passe et s’arrête. Pour nous, le lieu dont je parle, c’est celui de la représentation, c’est la scène. Il arrive qu’il vous donne sa force, comme un surplus d’existence. C’est alors, parfois, le corps qui s’arrache à la gangue des savoir-faire, et qui marche sans mouvement, et se nourrit de l’espace comme on épouse sa mère jusqu’à ce qu’elle vous crache. Comme on emplit de son souffle l’instrument tout entier, pour n’en laisser aucune fibre inoccupée de vie. On se retrouve alors, là, comme au réveil, dans ce lieu ivre et unique, encore un autre monde à portée de nos doigts, de nos traits tendus. Nos musiques n’ayant absolument rien de naturel, elles doivent être vécues, revécues, redécouvertes chaque fois qu’elles sont jouées devant le monde. Un concert reste pour moi, par-delà les années, l’endroit d’une expérience dont la musique n’est que le prétexte, le commencement. Il ne s’agit pas, à proprement parler, de découvrir un lieu qui vous attendait, comme si la marche vous y avait mené d’elle-même, à la manière surréaliste - ô Nadja ! Il ne s’agit pas non plus, ou pas seulement, de son : on peut avoir le son seul dans sa salle de bains. Ni d’être en phase avec le public - ou pas seulement. Le public peut bien avoir mal bouffé ou être mal assis, vous n’en saurez rien. L’important est que là, vous serez, vous aurez toujours été à votre place. On cesse un instant de tâtonner, on entrevoit quelque chose ; on rayonne alors, malgré soi, comme d’une nuit de danse et d’alcool. La colonne d’air respire, le corps parle sans mots, avance, immobile au-dessus du vide. Nous avons tous dans nos coins de rêves des cathédrales intimes, des citadelles résonnant encore de cris disparus, des murs que nous avons pour mission de réveiller. J’ai souvenir d’un bal improvisé dans une piscine pleine, à la pointe du jour, dont les danseurs finirent assoupis à la surface, rejetés du fond, mouvements à l’agonie, parois humaines en proie aux marées de leurs liquides internes et externes, jusqu’au silence. Le château de Kinnersley put ainsi, naguère, abriter de tels instants volés. Ou encore un patio au creux de la Médina de Sousse (2). Ce sont souvent des fins de stage, car la fatigue extrême vous y donne la force d’être bien là malgré tout, et à jamais. On se retrouve alors partie prenante du processus par lequel les lieux se transforment lentement ; se font, avec votre aide, les écrins vivants du temps qui passe. La scène fermée n’est pas, comme on l’a vu, une obligation. Flûtiste à bec, je crains le plein air. Mais la connivence qui nous liait, par exemple, au sein d’Obsession, était tellement gémellaire que l’acoustique des lieux se pliait à nos désirs. Avec l’équipe d’In Situ, nous avons investi à la Villeneuve, pendant 3 saisons, bien des endroits d’un tout petit quartier pour se rencontrer, se faire des amitiés en musique. Avec Dédale, comme avec DJAL, c’étaient plutôt les murs qui transpiraient d’eux-mêmes. Aujourd’hui, c’est avec Frères de Sac Quartet que les dés parfois retombent sur la bonne face. Ce fut le cas cet été, au stage de St-Ismier, devant un parterre de musiciens aux oreilles affûtées ; ou un peu avant, dans la petite église d’Entraigues en Maurienne, derrière laquelle est enterrée notre arrière-grand-tante - jeune fille noyée à 10 ans, à l’aube de sa vie et du siècle dernier. Là, devant l’autel, face à une salle pleine, après quelques mots, nous nous mîmes en marche. En cette fin d’été, les lieux s’adoucissent, ils se réenveloppent de la saison qui vient. C’est dans un tel endroit porteur de vie ancienne, la Grande Fabrique à Renage (Isère), que nous allons bientôt tourner quelques images. Gageons qu’une nuit passée là, seuls avec nous-mêmes, allègera nos traits de leur graisse sonore, et réitérera la promesse du jour. A mes amis marcheurs. |
|
Christophe Sacchettini |
|
(1) Frédéric Gros, Marcher, une philosophie, Champs Essais, 2009, p. 248 |
|
GRAINES DE MAURIENNE | |
Nous participons depuis cet été à la Biennale Culturelle en Maurienne (73) Graines de Maurienne. On nous reverra dans cette vallée savoyarde où nous avons nos racines :
| |
FRERES DE SAC 4TET | |
En bal à St-Michel de Maurienne (73) le 13 octobre, Bourgoin-Jallieu (38) le 20. En attendant, tournage du clip début septembre, avec le concours de l'ami cinéaste Xavier Rivet. | |
STEPHANE MILLERET | |
- Avec Cyrille Brotto : en duo le 7 septembre à Puis-Reig (Espagne) Bergueda Folk. Le 13 octobre à Chabeuil (26), du 19 au 21 octobre en Italie (Turin, Florence, Anconne).
| |
VIDÉOS PEDAGOGIQUES | |
Cette année, MusTraDem produit trois séries de vidéos pédagogiques : la première saison dédiée à la clarinette et clarinette basse avec Jean-Pierre Sarzier, une troisième saison d'accordéon diatonique avec Stéphane Milleret et une deuxième saison d'accordéon chromatique avec Patrick Reboud.
| |
GROENLAND MANHATTAN | |
Suite de la tournée « success story » du BD-concert proposé par Stéphane Milleret, Sébastien Tron et Tony « Guy Hoquet » Canton, du 5 au 8 novembre à Yverdon (Suisse), le 15 novembre à Sallanches (74), le 23 à Vénissieux (69). | |
PIGNOL / PLASSARD | |
L’épisode #23, joué par Denis Plassard, de la mini-série Le corps de la ville réalisée par Nicolas Habas, est visible ici - Musique : Norbert Pignol. | |
CHORALE VILLENEUVE | |
Marie Mazille, Patrick Reboud et Christophe Sacchettini reprennent du service avec la Chorale des Enfants de la Villeneuve de Grenoble, à l’occasion de la Journée de la Paix (1er octobre). | |
NATACHA EZDRA | |
Avant de repartir vers de nouvelles aventures, Natacha continue à chanter Ferrat, toujours accompagnée de Patrick Reboud, Yves Perrin et Christophe Sacchettini, le 27 octobre à Châtellerault (86). | |
THIERRY RONGET | |
Il se produira de nouveau à la guitare en compagnie de l’ami comédien-écrivain Benoît Olivier les 12 et 13 octobre au NTSMB - Nouveau Théâtre Ste-Marie d’en Bas (Grenoble) dans le spectacle Wendlala.
| |
LA BOITE A OUTILS DU MUSICIEN | |
C’est le thème d’une rencontre attendue, organisée par le CPMDT avec le concours du CMTRA et de la FAMDT, qui se tiendra les 12 et 13 décembre à l’Amphi de l’Opéra de Lyon. Programmation à venir. | |
BOURSES FAMDT / ADAMI | |
L'appel à candidature pour les bourses de compagnonnage FAMDT / ADAMI 2018-2019 est lancé. Ce dispositif, porté à l'origine par le CPMDT, vise à accompagner financièrement un projet de transmission-compagnonnage entre un artiste reconnu du secteur des musiques traditionnelles ou du monde et un musicien professionnel, dans une relation interpersonnelle hors du cadre habituel du stage ou de la formation initiale. Date limite de dépôt des dossiers : 20 octobre. Toutes les infos ici. | |
COPINAGE | |
Vous habitez en Rhône-Alpes et vous avez envie de chanter ? Rejoignez la Balbelett’s Vocal Fanfare ! Annik Magnin : 06 81 30 17 74 ou magnin.chabert@gmail.com Le violoniste Benjamin Tard réalise son projet : l’ouverture d’un bistrot à Chèzeneuve (38), qui servira de plaque tournante à un trafic de répertoire issu du Nord-Isère ! Début des festivités en musique au Café de la Place le 9 novembre à 17h. Il est sorti Dāw, le 1er CD du duo Maude Madec / Gurvan Liard (j’aime bien musique bretonne sur mesure), avec comme invité Michel Godard (serpent, tuba). Ledit Godard encadrera un stage destiné à la formation professionnelle sur le thème Improviser est un jeu (impro et musiques modales) les 5 et 6 octobre à Redon (35). Infos ici. La célèbre fratrie Jean-Claude et Bernard Blanc nous présente son dernier CD Cornemuses, consacré, comme son nom l’indique, à la trompette marine. A commander auprès de Jean-Claude jc.blanc2@wanadoo.fr, ou sur le site de l’AEPEM. Tant que je me balade sur la boutique de l’AEPEM, je ne peux m’empêcher de vous signaler la dernière galette de l'immortel Jean Blanchard Au vrai chic berrichon, réalisé en famille avec son frère René-Paul et d’autres complices. Enfin il se remet à chanter ! | |
EUROPE FOR CREATORS | |
Encore quelques jours, jusqu'au 12 septembre, pour soutenir la campagne relayée par l'Adami et la Sacem, pour le droit d'auteur en Europe : ici. | |
LA BOUTIQUE | |
Les nouveautés maison DJAL « Quarterlife » - CD Les galettes de l'AEPEM Jean Blanchard - CD - Au vrai chic berrichon Vous qui entrez ici, laissez votre carte bleue. | |
YOUTUBE | |
Abonnez-vous à notre chaîne Youtube, c’est un ordre et c’est par ici. | |
Si vous ne souhaitez plus recevoir cette newsletter, merci d'envoyer un mail à lettre@mustradem.com | |
Vous n'arrivez pas à voir cette newsletter ? Cliquez ici |