Newsletter #52 | mai juin 2018 |
Édito Chassez le naturel | |
C’est dimanche. J’ai quitté le nuage grenoblois pour gagner les flancs de la colline de la Bastille, que je m’apprête à gravir pour le jogging quasi quotidien qui me garantit l’éternelle jeunesse. À peine descendu des bulles (1), j’attaque vigoureusement la pente lorsque ma vision périphérique capte quelque chose qui ne devrait pas se trouver dans ce pré, rendez-vous de pique-nique dominical de la moitié de la ville : un troupeau. Enfin quelques chèvres, veillées par un berger bien plus jeune que moi, en chapeau (il fait déjà chaud) et pantalon de treillis, qui engueule son chien en patois - enfin dans une autre langue que la mienne ; un patois qui sonne bizarre, comme s’il avait décidé d’en acquérir les rudiments hier matin, ce qui n’est certes pas le cas de l’accent dauphinois qu’il retrouve instantanément dès qu’il entreprend de deviser avec les citadins. Me voilà dès lors lancé dans une cascade de réflexions : mais qu’est-ce qu’il fait là ? Ne serait-ce pas le « week-end de la transhumance » promis par la Mairie de Grenoble par voie d’affiches format colonne Morris ? Lesdites affiches, il m’en souvient, nous promettaient même d’alléchantes « animations folkloriques ». Je n’y serais certes pas allé à seule fin d’en ricaner, mais le syndrome de Moïse m’avait pris, là, seul au pied de la colonne pluvieuse qui déployait au milieu du boulevard ses tables de la Loi : verrions-nous un jour, mes amis, le bout de la route ? La terre promise ? L’accueillant jardin de l’oubli ? Le sanctuaire du Grand Repos ? Il semblait qu’après tant de temps consacré à l’édification des masses, à porter par-devers l’humanité reconnaissante un enfant musical langé et propre sur lui, création collective fruit d’un enivrant gang-bang, réconciliant travail méticuleux et génération spontanée, parée des rutilants atours de la modernité la moins attaquable…las, le terrain du bon grain était resté en friche, le message n’avait point porté. Aujourd’hui, en 2018 (après Jésus-Christ), il fallait se rendre à l’évidence : aux yeux de nos édiles...tradition = folklore = bouse de vache et grosses bêtes qui puent. Il y a ceux qui sont persuadés que tout ça n’est que de la musique celtique, et ceux qui vous regardent comme si vous étiez leur bon sauvage esquimau, un os dans le nez, à qui l’on fait des risettes parce qu’il se vexe pour un rien et qu’on sait jamais, ça pourrait mordre. Mais je ne sortirais pas vainqueur de ce combat aujourd’hui. Rendant les armes à la sagesse, et bien décidé à ne pas me laisser pourrir un dimanche bien gagné, j’allais d’un pas décidé tourner les talons (2), lorsqu’un étrange sentiment d’incomplétude me saisit. Il manquait quelque chose, j’en étais sûr, à ce tableau champêtre. Il y avait le pré, le berger, le chien, le troupeau et les touristes…Quoi d’autre pour que la fête fût complète ? L’évidence m’aveugla : MOI ! Mais vous voilà sautant sur votre smartphone pour m’écrire : ne dis donc pas de bêtises, abruti, tu viens de laisser libre cours à un cynisme coupable et tu nous fais le coup de la révélation ? La peau de banane du père Claudel ? A qui veux-tu faire croire ça ? Mais oui, tas de méchants, je vous jure bien qu’à jeun (fors mon Ricoré matutinal), là, sous le soleil exactement, mon âme ruisselait soudain d’un torrent de bonté : j’avais ENVIE de sortir ma 16 pouces, de m’installer là, dans les prairies de l’oubli, au zénith, auprès de ce berger, et de jouer. …C’était bien ma veine : après toutes ces années passées en bande à chasser le cliché, à traquer le naturel, à décortiquer l’arbre généalogique, à bouturer en laboratoire, à tordre le cou à la tradition en poudre, je me croyais à l’abri de toute défaillance : ce genre de panneau, merci bien ! Boeufer en plein air, qui plus est tout seul, et quasi pour le seul bon plaisir d’un troupeau de biquettes ?? Répugnante gratuité ! Et pourquoi pas m’inscrire au Parti Socialiste, pendant qu’on y était ?? Or non : j’étais, tel le ravi de la crèche, baigné d’innocence comme au temps de ma première mazurka. Qu’est-ce qui me prenait ? Quel atavisme avais-je laissé passer, ou quelle mutation génétique ? L’astre du jour tapait-il trop fort ? Là, nouvelle cascade de réflexions (oui, il arrive que je me fatigue moi-même) : qu’est-ce que j’aurais bien pu jouer ? (au conditionnel, car bien évidemment je n’étais pas parti courir avec mon engin, ce qui était somme doute bien venu pour le repos de ma conscience, et j’étais trop loin de chez moi pour rentrer le chercher). Que m’aurait dicté l’inspiration pour satisfaire au besoin d’authenticité du promeneur ? Des bourrées du Berry ? Adaptées à l’instrument, mais pas d’ici. Des rigodons ? À tenter, mais l’anche de mon bourdon grave se bloque facilement. De la flûte, alors ? Inaudible à plus de 3 mètres. Non, du rustique, du musclé ! N’ai-je pas, hier soir encore, à l’occasion d’un mariage, obtenu quelque attention d’un public d’amateurs de musique irlandaise avec un daitchovo bulgare en 9/8 asymétrique dont personne ne m’a fait remarquer l’incongruité (3) ? Muselant d’un coup d’un seul ma paranoïa et d’épuisants débats internes, et plantant là le berger et ses ouailles, je suis redescendu aussi sec faire le pied de grue devant la Mairie. Oui, c’est dimanche, c’est fermé. J’ai raté cette occasion-ci, mais je serai en avance pour l’année prochaine. Je l’aurai, ce plan. J’ai bien fait, il y a déjà la queue. Rien que des types en manteau, étouffant un coin-coin, avec des bourdons qui dépassent. |
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Christophe Sacchettini
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(1) Télécabines sphériques qui emportent le vacancier de passage à Grenoble vers les espaces infinis, et déraillent en moyenne une fois tous les 40 ans. (2) Notez au passage la hardiesse morphologique ! (3) Le samedi précédent, c’était en exécutant It’s a long way to the top (if you wanna rock’n roll) d’AC/DC, avec le même instrument. Ainsi va la vie au royaume du folk. |
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DJAAAL | |
Quarterlife, l’opus 2018 du boys band mustradémien, enregistré en live l’automne dernier, est sorti ! Pour fêter ça, nous serons à Pavie Trad’Envie (32) le 12 mai.
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STAGE D’ETE | |
Elles battent leur plein, les inscriptions à notre stage d’été cuvée 2018 de St-Ismier (12 au 18 août). Les nouveautés cette année : violon avec Nicolò Bottasso (complet !) et guitare avec Sylvain Quéré. Il reste de la place en flûte à bec !
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TRAD IN MARCIAC | |
Les restitutions des JazzTer Trads 2018 aura lieu les 12 mai (à Pavie) et 10 août (à Marciac). Cette 11e édition d’un stage de musique d’ensemble « Jazz et trad » est encadrée par Stéphane Milleret, Camille Raibaud, Jean-Christophe Cholet et Christian Salut.
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FRERES DE SAC 4TET | |
En bal aux célèbres Jeudis des Musiques du Monde du CMTRA le 5 juillet à Lyon, et au FESTinVAL de Valtramontina (Italie) le 11 août ; en concert en la belle petite église d’Entraigues (73) le 22 juillet.
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VIDÉOS PEDAGOGIQUES | |
Cette année, MusTraDem produit deux séries de vidéos pédagogiques : la première saison dédiée à la clarinette et clarinette basse avec Jean-Pierre Sarzier, et une nouvelle saison d'accordéon diatonique avec Stéphane Milleret. Rendez-vous en septembre sur la boutique. En attendant, vous avez toujours : - la 2e saison des cours d’accordéon diatonique en ligne par Stef Milleret Vous pouvez soit vous abonner et profiter de la progressivité, soit acheter toute la saison d’un seul coup.
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BROTTO-MILLERET | |
Les culturistes du diato se produiront à Chatillon-en-Diois (26) le 9 mai, à Pavie (32) le 11, à Toulouse (31) le 1er juin, à Gourdon (46) le 8.
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NATACHA EZDRA | |
Elle continue à chanter Ferrat, dans sa version Ferrat au c(h)oeur (avec chorale), le 2 juin à St-André d’Apchon (42), toujours accompagnée de Patrick Reboud, Yves Perrin et Christophe Sacchettini. Spécial guest : Jean-Pierre Sarzier.
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IN SITU MISTRAL | |
Le projet In Situ Mistral aboutira le 9 juin avec sa participation à la Journée des Tuiles à Grenoble. Au cours de ce défilé interquartiers, les participants représenteront le quartier Mistral, encadrés par Marie Mazille, Norbert Pignol et Christophe Sacchettini, avec la participation de la Cie Les Zinzins. | |
CHANTONS GRENOBLE | |
Le 16 juin, ça sera la restitution du projet Chantons Grenoble au Théâtre 145 (Grenoble) : 4 classes de deux écoles primaires interprèteront les chansons écrites en 2017 lors des ateliers du Musée Dauphinois, encadrés par Maximilien Barrot et Francisca Bustaret, avec l’aide de Marie Mazille, Patrick Reboud et Christophe Sacchettini. | |
CHORALE VILLENEUVE | |
Les 3 musiciens pré-cités accompagneront également la célèbre chorale des Enfants de la Villeneuve (500 enfants), le samedi 22 juin à la Villeneuve (Place Rouge) de Grenoble. | |
GROENLAND MANHATTAN | |
Suite de la tournée « success story » du BD-concert proposé par Tony « Guy Hoquet » Canton, Stéphane Milleret et Sébastien Tron les 16 et 17 juin à Paris / La Villette (Cité de la Musique). Le CD de la BO du spectacle sortira prochainement. | |
35 ANS PLUS TRAD | |
Le célèbre Folk des Terres Froides célèbre ses 35 ans d’existence avec un programme alléchant : y figurent notamment la projection du mythique film La Trace (18 juin), un concert de Rosa Combo, bal avec Rosa Combo et Pitularita (le 22), bal avec TocTocToc (nouveau clip ici), et stage de musique d’ensemble avec Anne-Lise Foy, Vincent Boniface et Jean-Pierre Sarzier (le 23).
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SI ON CHANTAIT LES PROLONGATIONS | |
Plus que 2 petits mois pour profiter de l’exposition Si on chantait la la la la du Musée Dauphinois de Grenoble. Jusqu’au 30 juin, on y verra des traces de l’aventure In Situ Villeneuve (2014-2016) : films, photos et chansons.
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PIGNOL / PLASSARD | |
L’épisode #23, joué par Denis Plassard, de la mini-série Le corps de la ville réalisée par Nicolas Habart, est visible ici. Musique : Norbert Pignol. Quant à Rites, la conférence chorégraphiée dont Norbert a réalisé la musique jouera dans sa version duo (Denis Plassard et Xavier Gresse) les 19 et 20 mai à Capdenac (12), 25 mai à Haute-Goulaine (44), 2 juin à Vif (38), 10 juin à Chavaniac-Lafayette (42), 11 juin à Etampes (91). CD toujours à la boutique, à réécouter ici. | |
ILS ONT BESOIN DE VOS SOUS | |
Artho duo (Julie Garnier + Marc Anthony) qui enregistre son 1er album en juin (sortie octobre). Souscription disponible ici. Marie Mercier (clarinettes) et son groupe genevois Parasite Sans S pour sortir un étonnant enregistrement live et improvisé d’une « lecture déchiquetée » de la Divine Comédie (Dante). Pierre Banwarth et son groupe Berny Trad School pour l’édition de leur 1e galette : ici et là. Le duo Maude Madec / Gurvan Liard pour son 1er album Daw, avec la participation du tubiste / serpentiste Michel Godard.
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COPINAGE | |
C’est le 10 mai la sortie des presses de l’album pour enfants Léna les pois bleus, écrit par l’ami Hal Collomb et illustré par Françoise Aymé-Martin. Evelyne Girardon et Jean Blanchard nous annoncent le festival Trad en Mai, du 17 au 19 mai, toujours à la Croix-Rousse (Lyon 4e) au Théâtre Sous le Caillou. L’appel de Montreuil tire la sonnette d’alarme contre la vision étriquée, comptable et pour tout dire beurk pas glop du gouvernement Philippe / Macron. A signer ici.
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LA BOUTIQUE | |
Les nouveautés maison DJAL « Quarterlife » - CD Les galettes de l'AEPEM AUVERGNATUS (Blanchard / Dupré / Lenormand / Restoin) - CD - (Cha ch'est bien ! ❤️) Vous qui entrez ici, laissez votre carte bleue !! | |
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