« La question est précisément de savoir si le passé a cessé d’exister, ou s’il a cessé d’être utile. »
Henri Bergson, cité par J. Yonnet
Je pensais ne l’avouer que sur mon lit de mort, mais vient un âge où le souci de la postérité nous impose de mettre nos affaires en ordre : j’aime la musique traditionnelle.
J’aime ça, mais j’en écoute très peu (1). Trop éloigné de nos pratiques. Trop différent, trop loin. Que n’en jouez-vous ? nous susurre-t-on depuis le siècle dernier. Justement. Mais pas comme ça. Pourquoi ? D’abord parce que des milliers de gens le font déjà. Et puis ça ne se fait pas sur une scène, devant le monde. Là, on fait du spectacle, de la création, du roulez-bolides, ce qu’on sait faire, quoi, le feu d’artifice, 14 juillet tous les soirs, les marmites dans les casseroles, cul par-dessus tête et on verra bien quel goût ça a.
Or, à qui fait ce que nous faisons depuis 30 ans, jouer de la musique traditionnelle n’est pas plus naturel que de faire pousser des vaches. Jouer des coudes dans ce qui restait du mouvement folk, tailler là-dedans notre place au soleil, ça oui. Mais qu’entendions-nous alors ? Des compositions. Déjà folk. Elles étaient bien loin, les racines paysannes ! Nous avons juste poussé le bouchon un peu plus avant.
Une fois que le départ est pris, vient le temps des stages, cours et ateliers où l’on enseigne ce que l’on fait, puis ce que l’on est. On met tout cela en pots, en mots, et on en fait de plaisantes confitures, qui serviront peut-être mieux à ceux qui nous les volent, qu’aux autres qui nous les payent.
Et peu à peu, se dessine (ou pas) un désir de s’enfoncer dans l’obscurité du passé comme un mineur de la chronologie. De tirer sur un autre fil que celui de la culture de votre instrument - que vous avez déjà bien malmenée. Les années passant vous ont muni, goutte à goutte, du bagage de l’honnête homme : lectures, questions, conversations, et un coup de chiffon sur tout ça pour astiquer la curiosité.
Et surtout, s’appliquer à séparer la musique traditionnelle de la question du répertoire. Le répertoire, souvenez-vous, c’est ce que vous avez ingurgité à haute dose, au début, pendant des années (me concernant, la flûte à bec baroque). Cette culture qui chez certains remplace l’imagination. Ce qui a façonné votre pratique, votre rapport à l’instrument. Avant que vous réalisiez que ce que vous cherchiez dans la musique se trouvait ailleurs. Et que peu importe le résultat, il s’agissait en premier lieu de trouver les bonnes personnes avec qui jouer.
Est-ce cela qu’il vous faut à nouveau ? Peut-être. Un peu. Mais dans cette optique (répertoire = instrument), vous ne pouvez pas jouer n’importe quel air sur n’importe quoi. Ce qui est le contraire de notre postulat de départ.
Au demeurant, l’ivresse qui préside au partage musical et les temps politiques lamentables nous imposent, c’est une nécessité, de fabriquer la musique la plus impure. Histoire de ne jamais oublier de quoi nous sommes faits.
Alors, la musique traditionnelle, un mythe moderne ? Sans doute. Où chacun peut puiser, s’abreuver, trouver matière ; ajouter une pièce à son puzzle interne ou à sa pratique (2). A chacun, l’âge venu, la découverte de l’impureté.
Dans les marges de ce quotidien bouillonnant, s’intéresser à la musique traditionnelle commence peut-être par retrouver la voie d’une certaine simplicité. D'un rapport plus direct avec l'instrument. Du reste, cette redécouverte ne date pas d’hier. Nous avons depuis des lustres notre jardin secret en la matière : les stages de danse où nous accompagnons la flamboyante Geneviève Chuzel (voir planning ci-dessous). Là, dans le confort de l’établi, sur le métier du parquet poli, devant un public rare, seuls et sans micro, nous la polissons et repolissons - la mélodie.
Mais nous restons là captifs de la fonction à laquelle l’époque réduit aujourd’hui nos musiques : faire danser. Or ce n’est pas tout à fait cela. Recommencer un cycle, alors ? Repartir d’un départ que nous n’avons jamais pris ? Réextraire de la gangue un nouveau diamant, et, patiemment, lui inventer un usage ; tracer un pont entre le plus connu et le plus inouï ; redonner cet objet à la nécessaire corrosion des jours.
Christophe Sacchettini
tofsac@mustradem.com
(1) Contrairement au jazz, omniswinguant dans mon salon et ma voiture !
(2) Le projet In Situ, croyons-nous, en est une. Ou les Bourses de compagnonnage dont plus personne ne semble se rappeler aujourd’hui que c’est le CPMDT qui les a inventées.
MusTraDem dédie cette lettre à tous ceux qui ont découvert la vielle à roue, l'épinette des Vosges, et chanté avec Jean-François Dutertre, fondateur de Mélusine, défenseur des artistes, syndicaliste, collecteur, découvreur et inventeur du folk français. Nos Bourses de Compagnonnage CPMDT / Adami lui doivent beaucoup.
On verra le BD-concert Groënland Manhattan les 24 mars à Gerzat (63), 11 mai au Puy-en-Velay (43), 13 mai à Mitry-Mory, 7/8 juin à Lyon (69)…
Au plateau : Sébastien Tron et Stéphane Milleret (compositeurs-interprètes).
A la direction artistique : Tony Canton.
Au son façade : Richard Bénétrix et Pascal Cacouault.
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Un spectacle à lire, un concert à voir, une BD à écouter !
Le DVD Penser modal - approche théorico-pratique de la modalité occidentale de René Zosso est en cours de montage. Encore un peu de patience !
Coproduction : Marc Anthony, AEPEM, AMTRAD, APMT, Cie Beline, CPMDT, Folk des Terres Froides, MusTraDem, Mydriase, Vrod&Co, avec le soutien de la FAMDT.
Les inscriptions à notre fabuleux stage d’été s’ouvriront courant mars ! Du 13 au 19 août à St-Ismier (38). Les petites nouveautés cette année : Musique du Massif Central (Laurence Dupré), violon (Tony Canton), sonorisation et home studio (Pascal Cacouault et Thierry Ronget).
Stef ne rentre pas chez lui ce trimestre… Entre deux séances de Groënland Manhattan, on le verra :
En représentation :
- à la célèbre Fête de l’Accordéon Diatonique de Nanterre avec le duo Brotto-Milleret, en stage et bal les 25 et 26 mars. - stage@diatotrad.fr - 01 47 80 88 38
- à Etterbeek (Belgique) en bal avec Toc Toc Toc et le duo Pignol-Milleret le 31 mars. contact@frissefolk.be - +32 (0) 474 78 58 03
- en stage et bal à St-Michel-Gestel (Pays-Bas) les 1er et 2 avril avec Toc Toc Toc.
- en bal au Festival le P’ti Balzar - Le Mans (72) le 16 avril avec Toc Toc Toc
- à Rillieux-la-Pape (69) en bal avec MKF (trio) le 7 avril, pour la nouvelle édition du célèbre festival Funambals.
A noter : stage de diato avec Norbert Pignol - à Budrio (Bologne) avec le duo Milleret-Mignotte, en concert le 22 avril.
A noter : également bal Jérémie Mignotte sOlO
En formation Jazz & Trad :
Pour les 10 ans de la collaboration gersoise entre les festivals Trad'envie de Pavie et Jazz in Marciac, Stéphane Milleret rempile et rejoint Jean-Christophe Cholet et Christian "Tonton" Salut pour encadrer le Jazz and Trad 2017. Master-class de musique d'ensemble tous instruments, ce cycle de stages est un espace de rencontre entre musiciens des deux esthétiques jazz et trad avec pour finalité deux concerts lors des éditions 2017. 2e session les 18 et 19 mars.
Des infos ici
Dans la série « les meilleurs tubes du néo-trad », Stef vous propose ce mois-ci la suite de Boing (Vincent Boniface). À vos casse-noisettes !
C'est là
- Danse des Balkans, accompagnée par Norbert Pignol et Christophe Sacchettini, à Cognin (73) le 19 mars. Organisation : AMTRAD
- Danses de bal folk, accompagnée par Christophe Sacchettini, les 8 et 9 avril à Lyon. Organisation : la Chanterelle
- Découverte des danses suédoises, accompagnée par Frères de Sac duo, le 2 juillet à Grenoble. Orga: MJC des Allobroges / Geneviève Chuzel. - gene.chuzel@free.fr
Quelles sont ces feuilles qui tombent au printemps comme en automne ? Des souscriptions, pardi. Ce mois-ci c’est notre Jérémie Mignotte à nous qui sort son album solo Miscellanies, avec aux manettes Norbert Pignol et Pascal Cacouault (coprod MusTraDem / ESB).
Frais de port offerts en mars-avril ! Jérémiiiiiiiiiie
Elle continue à chanter Ferrat avec son trio de beaux gosses (Patrick Reboud, Christophe Sacchettini et Yves Perrin) les 14 mars à Bordeaux (33), 27 avril à Vaison-la-Romaine (84).
Le DVD du concert parisien de septembre 2015 est maintenant à la boutique !
Le site de Kikéla Prod
L’exposition Si on chantait la la la la a démarré au Musée Dauphinois de Grenoble. Jusqu’en 2018, on y verra des traces de l’aventure In Situ Villeneuve (2014-2016). Au menu, des films (de Péroline Barbet), des photos (de Lisa Boniface), du son, et des ateliers de chanson animés par Marie Mazille, Patrick Reboud et not'Président Fabrice Vigne : 20 et 27 avril.
La plaquette du Musée
L’excellente conférence chorégraphiée de Denis Plassard continue sa route en mars : le 18 à Les Chapelle-Bourbon et Presle-en-Brie (77), le 19 à Thomery (77), le 30 à St-Etienne (42), le 31 à St-Jean-de-Braye (45).
Le site de la Cie Propos
CD toujours à la boutique !
YouStudio, centre de formation professionnelle à Grenoble, propose des formations conventionnées AFDAS pour les intermittents du spectacle (et les salariés) :
•Mise à niveau sur Mac, l’iPhone et l’iPad
•Créer son site internet avec Wordpress et communiquer
•Composition, Mixage, Mastering avec Logic pro X et la suite Native Instrument Komplete Ultimate
•Montage et post production vidéo avec Final Cut, Motion, Compressor & Logic
Recommandé par Christophe Sacchettini, Patrick Reboud, Marie Mazille et Stéphane Damiano !
Pour toutes questions, appelez le maître Jedi Fabien Fons, qui vous orientera et réalisera vos rêves de formations les plus fous : 06 22 04 88 55 / YouStudio.fr / YouTips.com (attention : certaines formations débutent courant mars).
Isabelle Bazin lance une souscription (« comme au XXe siècle ! ») pour son prochain album, Vivante, enregistré avec son trio préféré (Stéphane Arbon, Sylvain Berger, Marie Mazille), et qui devrait sortir au printemps. Le quartet se produira notamment le 17 mars à l’Heure Bleue (St-Martin-d’Hères 38) en 1e partie d’Emily Loizeau.
Un nouvel outil mutualiste de diffusion voit le jour, à l’initiative du camarade Tony Canton : la Scopitone, sous forme SCOP comme son nom l’indique, et basé à Lyon.
Artho duo (Marc Anthony et Julie Garnier) se produira le 18 mars à l’Avant-Scène d’Argenton-sur-Creuse (36).
L’ami comédien Henri Courseaux joue un lundi par mois son spectacle Les amours jaunes, coup de coeur pour le poète Tristan Corbière, avec la complicité musicale de Marie Mazille. Les 13 mars, 24 avril, 15 mai et 12 juin au Forum Léo Ferré d’Ivry-sur-Seine (94).
Jean-François Vrod sera à Grenoble pour le festival Détours de Babel. Au programme : un solo (23 mars), une table ronde De quoi nous parlent les mythes et légendes aujourd’hui avec entre autres Alice Joisten (1er avril), une veillée rustique moderne (2 avril), et une création Borg et Théa avec la Soustraction des Fleurs et le quatuor Béla (25 mars).
Pour caresser les fondamentaux du trad : le festival Trad en Mai aura lieu du 10 au 14 mai au Théâtre sous le Caillou (Lyon 4e). Aux commandes : Evelyne Girardon et Jean Blanchard.
Les nouveautés !
Rosa Combo (Faure / Sarzier / Tribuiani) – CD
Le Petit Bal Ratamouche (Faure / Foy / Sarzier) - CD
Les dernières parutions
In Situ Villeneuve (Mazille/Pignol/Reboud/Sacchettini + 30 chanteurs/instrumentistes) - 2CD
Natacha EZDRA chante Jean Ferrat "Un jour futur" - DVD.
Anne NIEPOLD / Gwen CHRESENS "Monochromatic" - CD
ANTIQUARKS "Kô - le libre album" CD / livre
Les nouveautés CD de l'AEPEM
LA MACHINE "Super gain"
DZOUGA ! "Enfachinaires"
Maxence CAMELIN "Quand la craba crabidarà"
Duo RIVAUD / LACOUCHIE "Ordich !"
Philippe PRIEUR "Joueur de musette"
Emilie DULIEUX "La noce du papillon"
