Mustradem - Musiques Traditionnelles de Demain
Newsletter #43 novembre décembre 2016
Édito Zombies, vos papiers

C'est acté : la campagne présidentielle sera centrée sur l'identité. Nous voilà bien. Qu'avons-nous perdu le 7 janvier 2015 ? Quels sont les fondamentaux de l'identité frrrançaiiiise ? A grands coups de barre à droite, on convoque Jeanne d'Arc et les Gaulois. Un tel concept est comme un radeau : solide par beau temps (celui des colonies), il se dérobe sous nos pieds dès que ça se gâte. Au final, une planche pourrie.

Nous en rions d'abord, nous qui paradons au dernier rang de cette armada fantôme, sur le canot en plastique, quasi ignoré en ce pays, des "traditions" musicales et leurs rapports avec le corps social. Mais justement qu'en disons-nous ? Cette identité française existe-t-elle ? Bien sûr que non, ricanent les régionalistes : la France n'est que la somme des régions qu'elle a volées à ses populations (1). Dans cette optique immobiliste, la langue est consubstantielle au territoire. La faire renaître, c'est garantir l'identité, jouer des coudes au milieu de terroirs voisins, affirmer un vitalisme. On peut alors s'affirmer ouvert et militer pour les droits culturels, abonder au vocabulaire en vogue de la différence : peu importe dès lors qu’on a gagné la bataille sur le terrain d’un passé fantasmé. 

Ne parlons ici ni d’esthétique ni de définitions. Notre situation est à la fois cocasse, surréaliste et inconfortable : nous pouvons, nous artistes et publics, clamer à quel point chercher une filiation unique et linéaire avec quoi que ce soit dans ce domaine, relève de l’escroquerie. Et combien la fabrication d’un objet artistique digne de ce nom tient à la fois du bricolage, de l’artisanat, du potlatch et de la conspiration. Mais à l’heure où l’on n’a jamais autant parlé d’identité, ça n’intéresse personne.

A cet égard, ce qui relève le plus du fantasme de la « tradition » dans le domaine musical n’est évidemment pas la musique traditionnelle, soumise aux zigzags de son histoire (2) mais bien la musique classique : voulue, provoquée, orientée, financée, fantasmée, protégée par…l’Etat. Un mythe qui coûte cher, mais qui a réussi : plus personne dans les hautes sphères ne songe à le remettre en question. L’institution est devenue une chambre de Barbe-Bleue si bien verrouillée qu’on en a même perdu les clés conceptuelles. 

Quant à nous, notre errance au sein de ce tableau musical fait de nous des zombies au sens originel du terme : nous sommes des morts revenus à la vie, symboliquement sans terre. On entend parler de nous mais on nous voit rarement, nous sortons la nuit, et le fruit de notre travail irrigue surtout la société (3).

A part ça, un qui n’a pas froid aux yeux, c’est le philosophe François Jullien, qui affirme carrément dans un livre qui paraît ces jours-ci, Il n’y a pas d’identité culturelle (L’Herne). 

La clé de voûte de son analyse (Libé, 2 octobre) : « une culture n’a pas d’identité pour une raison élémentaire : c’est qu’elle ne cesse de se transformer. » « Le pseudo-débat actuel repose en effet sur une idée fausse, la confusion entre le processus d’identification par lequel un individu se constitue en sujet et le fait d’attribuer une identité objective à « sa » culture. » Il oppose la notion périmée et dangereuse d’identité à celle de ressources : « Défendre des « valeurs françaises » s’inscrit dans un rapport de forces, alors que des ressources sont à la disposition de chacun. (C’est comme ça, me semble-t-il, que nos musiques s’offrent à nous.) Mais les différences ? « S’il n’y a pas de différences culturelles, il y a ce que j’appelle des ‘écarts’. (…) L’écart produit un dérangement : il est exploratoire. » « Une ressource n’a pas besoin d’être vantée, elle se mesure au profit que l’on peut en tirer. » (Euh, quel genre de profit ?!) « Il faut se demander quelles sont les ressources que l’on peut exploiter aujourd’hui, à partir desquelles du commun peut se promouvoir. » (Hé ! Hé ! Youhou ! Ici !) « J’aimerais un grand débat sur ce sujet en France. La culture française, est-ce La Fontaine ou Rimbaud ? (Epistémologix ou néo-trad mustradémien ? Bon, ok, je sors) « C’est autant l’un que l’autre, c’est l’écart entre les deux. C’est cette tension entre les deux qui est féconde et fait ressource. » (4)

Cet homme ne dit rien ici de ses goûts en matière de bière, mais il peut venir quand il veut, à MusTraDem, on n’a pas peur : de ressources, on en est pleins.

Christophe Sacchettini                                                                                                                      tofsac@mustradem.com

(1) les textes des pochettes des albums de nos ancêtres les folkeux (faut toujours les lire, comme les préfaces) sont à cet égard riches d'enseignements un peu dilués aujourd'hui dans la nostalgie qui entoure cette époque : de la juste reconnaissance des saloperies commises contre les peuples par les pouvoirs (royaliste, impérial ou républicain) à la haine anti-républicaine, la marge est parfois mince. Il faut dire que dans les années 70, le pouvoir est à droite toute et les gentils se cachent dans les marges où les médias commencent à venir les chercher…ça a bien changé ! Il faudrait peut-être que la FAMDT prenne d’assaut le ministère avec des fromages et des bouses de vache ?!

(2) qui s’étend jusqu’à nos jours via le mouvement Folk, quelque soit le nom qu’elle mérite aujourd’hui.

(3) Bon, c’est peut-être pas très scientifique comme image mais j’aime bien la figure du zombie arpentant le Berry, sa vielle en bandoulière, pas vous ?! J’y reviendrai sûrement un de ces 4. 

(4) Jullien ajoute : « La langue n’est pas un facteur d’identité, c’est un facteur de communauté. » Jullien est sinologue, peu soupçonnable de linguo-centrisme. Sa pensée fait ici une belle étincelle avec celle d’André Markowicz, qui creuse sa vision de son métier (traducteur du russe mais aussi du breton ou du chinois) dans cette interview parue dans Charlie Hebdo le 5 octobre dernier.

 
PENSER MODAL

La souscription pour le DVD Penser modal - approche théorico-pratique de la modalité occidentale de René Zosso est close ! Vous pouvez bien sûr pré-commander l’ouvrage sur le site en attendant sa sortie (printemps 2017). Coproduction : AEPEM, AMTRAD, APMT, Cie Beline, CPMDT, FAMDT, Folk des Terres Froides, MusTraDem, Mydriase.

 

 
VIDÉOS DIATO MILLERET

Dans la série « les meilleurs tubes du néo-trad », après Tout n’a qu’un temps (Jean-Loup Sacchettini) en octobre, Stef vous propose ce mois-ci Vache folle (Vincent « Venso » Boniface).  À vos casse-noisettes ! 

 
STAGE IMPRO ET CHANT

Les inscriptions démarrent dès la fin novembre pour le stage d’improvisation de février 2017 avec notre équipe de poilus : Jérémie Mignotte, Stéphane Milleret, Norbert Pignol, Patrick Reboud, Christophe Sacchettini et Jean-Pierre Sarzier. 

En face : le stage Chants du Monde en polyphonie et improvisation avec Barbara Trojani (et Catherine Faure sous réserve), qui a fait le plein l’an dernier tellement c’était bien.        

Du 19 au 25 février 2017 à Bourgoin-Jallieu (38).                                                                  

Inscriptions ici

 
FRÈRES DE SAC

- En concert à Annecy (74) le 10 novembre, salle Pierre Lamy, dans le cadre du festival des Empreintes Sonores.  

- En stage Des rondeaux des Landes au branle de la Vallée d'Ossau en Béarn avec l’ébouriffante Geneviève Chuzel le 27 novembre à Villefontaine (38).                                                                                                                                                                                                                                           Inscriptions : Trad O'pieds  

- En stage Fandango avec la même Geneviève Chuzel à Grenoble le 8 janvier.                    

Infos-résas : sakra@wanadoo.fr  

Ce stage est le premier d’un cycle organisé par le trio : pas assez d’inscrits = annulation…

- Autre nouveauté : après le succès du « bal de secours » à Etétrad en Val d’Aoste cet été, le duo, avec près de 20 ans de route au compteur, s’agrandit et devient quartet en accueillant Marie Mercier  (clarinette basse, clarinette) et Marie Mazille (nyckelharpa, clarinette basse). Du neuf bientôt !

 
NATACHA EZDRA

Elle chantera Ferrat, toujours accompagnée de son boy’s band Patrick Reboud, Christophe Sacchettini et Yves Perrin le 11 novembre à St-Gély-du-Fesc (34), le 18 à Hangest-sur-Somme (80), le 19 à Créteil (94), le 11 décembre à Firminy (42). Le DVD du concert parisien de septembre 2015 est maintenant à la boutique !

Le site de Natacha

 

 
RITES

La savoureuse « conférence chorégraphiée » de Denis Plassard continue sa route :  29 novembre à Cusset (03), 8 décembre à Vaulx-le-Pénil (77), 9 décembre à La Chapelle-sur-Erdre (44). Notre meilleur CD 2014, toujours à la boutique !

Le site de la Cie Propos

 

 
IN SITU

Le vernissage de l’exposition Si on chantait la la la la se tiendra le 16 décembre 2016 au Musée Dauphinois de Grenoble. Pendant toute l’année 2017, on y verra des traces de l’aventure In Situ Villeneuve (2014-2016).                                 

Au menu : des interviews (menées par Péroline Barbet), du son, des images, et des ateliers de chanson animés tout au long de l'année par Marie Mazille, Patrick Reboud et not'Président Fabrice Vigne.  

La plaquette du Musée

 

 
MARCIAC JAZZ & TRAD

Pour les 10 ans de la collaboration gersoise entre les festivals Trad'envie de Pavie et Jazz in Marciac, Stéphane Milleret rempile et rejoint Jean-Christophe Cholet et Christian "Tonton" Salut pour encadrer le Jazz and Trad 2017.              

Master-class de musique d'ensemble tous instruments, ce cycle de stages est un espace de rencontre entre musiciens des deux esthétiques jazz et trad avec pour finalité deux concerts lors des éditions 2017.

C'est ici que ça groove

 
GROENLAND MANHATTAN

Après Le tour de Valse, Tony Canton prend la casquette de directeur artistique pour ce nouveau BD-concert, Groënland Manhattan (adapté de la BD de Chloé Cruchaudet - Ed. Delcourt) dont la première aura lieu le 14 janvier à Gore-les-Rousses (39).                                                                                                                                                            

Ce sont Sébastien Tron et Stéphane Milleret qui cette fois-ci se retrouvent sur le plateau, dans le rôle des compositeurs-interprètes et nos amis Richard Bénétrix et Pascal Cacouault dans le rôle des ingénieurs du son.

Les infos ici 

L'agenda ici 

Les teasers ici 

Le facebook pour "jaimer" 

 
COPROS 2017

Les prochaines coproductions mustradémiennes :

- L’album solo de Jérémie Mignotte mixé par Pascal Cacouault

- La méthode de Patrick Reboud (fin 2017) consacrée à l’accordéon chromatique, ainsi que des vidéos pédagogiques sur toute la saison 2017-2018

 
TRAD MAG

La presse « papier » a besoin de vous ! On vous rappelle que depuis 2015, l’irremplaçable Trad Magazine est propriété de ses rédacteurs. Indépendance financière, équilibre précaire, besoin de trésorerie, vous connaissez tout ça, bref, abonnez-vous ! Tiens, passez par la boutique et offrez un CD MusTraDem en cadeau avec un abonnement pour Noël.

Le site de Trad Mag 

 
COPINAGE

On l’attendait depuis des années : le projet Au jardin des bêtes sauvages de Patrick Reboud est arrivé. Un ensemble de « pièces enfantines pour piano seul » du compositeur Pierre Vellones, adaptées pour piano (Patrick), clarinette (Marie Mazille) et récitante (Anne Sylvestre) ;  le tout en deux CD enregistrés par Pascal Cacouault et un magnifique album illustré par Capucine Mazille

Distribué par Inouïe Distribution 

 

Claire Poirel nous annonce le concert de Nusa Nusa (Cie Kotekan), un répertoire monté par Jean-Pierre Goudart autour du Gamelan, un Gamelan qui nous emmène assez loin de Bali…Concert à l’Espace Paul Jargot (Crolles 38) le 10 décembre.

Des infos ici

 
et enfin...LA BOUTIQUE et ses prrrromos spécial Noël !

Les nouveautés !

IN SITU / VILLENEUVE (Mazille / Pignol / Reboud / Sacchettini + 30 chanteurs et instrumentistes) - 2CD

Natacha EZDRA chante Jean Ferrat "Un jour futur" - DVD

Anne NIEPOLD / Gwen CHRESENS "Monochromatic"

 

Les artistes « maison » (dernières parutions)

ANTIQUARKS "Kô - le libre album" CD / livre

TOCTOCTOC « L'ombre et la lumière » CD

RITES - Musiques pour la chorégraphie de Denis Plassard - Direction musicale : Norbert Pignol CD

S.MILLERET / N. PIGNOL  "Méthode d'accordéon diatonique Vol. 4"

 

Les nouveautés CD de l'AEPEM

LA MACHINE "Super gain"

DZOUGA !  "Enfachinaires"

Maxence CAMELIN "Quand la craba crabidarà"

Duo RIVAUD / LACOUCHIE "Ordich !"

Philippe PRIEUR "Joueur de musette"

Emilie DULIEUX "La noce du papillon"

 

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