Newsletter #21 | mars avril 2013 |
Édito Mais où sommes-nous donc ? | |
« - Nous sommes les pensées arborescentes qui fleurissent sur les chemins des jardins cérébraux. » Aujourd’hui, les amis, j’en remets une couche sur le pertinent éditorial du camarade Philippe Krümm dans l’édition mars-avril de Trad Magazine. Philippe remarque que la prétendue crise du disque ne rend pas compte du nombre incroyable de propositions artistiques enregistrées qui se diffusent à longueur d’année, tant bien que mal, sur le territoire ; il se demande pourquoi la richesse et la diversité des musiques traditionnelles ne se reflètent pas dans le catalogue censé représenter le milieu auprès des votants aux Victoires de la Musique. Il en rend responsable en partie le milieu, les artistes eux-mêmes. Mais quel est ce « milieu » ? Les artistes, les associations, les amateurs, les professionnels ? Quels en sont les contours, en quelles tranches cela se découpe-t-il ? Le terroir ? L’esthétique ? Ce fameux « milieu », existe-t-il vraiment ? A MusTraDem nous avons toujours, presque instinctivement, intégré création, enseignement et diffusion à une démarche globale…Mais alors qu’il était pour nous naturel, dès le départ, de nous situer « dans le champ » des musiques traditionnelles, il nous a fallu des années de concerts et de tournées, pour saisir la richesse et en même temps le profond esprit d’autarcie, sans doute hérité des années « folk », de ce réseau ; et en particulier sa difficulté à s’inscrire dans une perspective institutionnelle (1). Ainsi les rapports entre professionnels, amateurs, et Centres en Région pourtant tout jeunes (et pas riches) rempliraient-ils à eux seuls un almanach de la valse-hésitation et du « je t’aime, moi non plus ». Les choses ont-elles changé aujourd’hui ? C’est à voir. Il est certain en tout cas que l’évolution du paysage des musiques traditionnelles en 20 ans, des besoins du réseau, ainsi que le désengagement financier brutal de l’Etat et de certaines Régions, ont totalement modifié le profil et les missions des Centres qui n’ont pas disparu ; que ceux-ci, de leur côté, ont dû remuer frénétiquement leur Rubik’s Cube interne pour faire face. Et que la question se pose : le label « CMT en Région » a-t-il aujourd’hui encore un sens global ? Au-dessus des Centres en Région, il y a la FAMDT (2). Elle a connu ces dernières années des péripéties internes sur lesquelles il n’est pas utile de revenir ici, mais qui n’ont certainement pas contribué à la lisibilité de son propos ni donné envie aux acteurs du réseau de rejoindre ses rangs. Et pourtant. Sise aujourd’hui à Nantes, elle s’appuie sur une équipe nouvelle, et un Conseil d’Administration rutilant (qui nous compte comme membre, oui m’sieurs-dames). Sa présidente, Karin Chiron, et son nouveau directeur, Bernard Guinard, en quelques mois à peine, ont abattu de la besogne. Aujourd’hui, la « Fédé » travaille, directement ou indirectement, à des chantiers aussi divers que le PCI (3) (notamment au travers du Plan national de Numérisation), la réorganisation de Planètes-Musiques (4), le centenaire de la fameuse collecte de Ferdinand Brunot (1913), la formation professionnalisante, le catalogage de chansons traditionnelles…tout en creusant ses rapports avec les Sociétés Civiles, et en s’inscrivant dans les gros réseaux de réflexion ou de diffusion (Zone Franche, Fédélima, Chaînon Manquant…). Ainsi que, justement, un « Tour de France » des associations et Centres en Région qui va pouvoir pointer les évolutions du milieu, ses manques et ses besoins. Il y a là – enfin - la volonté d’inscrire la structure dans le paysage culturel actuel – celui qui bouge, qui vit, qui pense que les musiques traditionnelles participent de quelque chose de plus vaste qu’elles ; ceci, entre autres, pour ne pas reproduire les erreurs et les conservatismes de la FAMDT d’il y a 10 ans dont aucun acteur du milieu de moins de 30 ans ne connaissait l’existence, et qui fit preuve à maintes reprises d’un silence assourdissant, notamment sur les enjeux de l’intermittence qui mirent (certes très gentiment) le feu aux poudres en 2003. Il faut, le croyons-nous, s’en féliciter. Tout ça ne peut être mené à bien par un aréopage d’experts parachutés. Il y faut une collaboration profonde, durable et continue, des principaux concernés : les artistes eux-mêmes. Or, qui trouve-t-on au CA de la FAMDT ? Des responsables de Centres (pas tous). Des administrateurs de compagnies. Des diffuseurs. Très peu d’artistes (5). Je vous vois venir. Vous allez me dire : « eh, ballot, c’est une fédération d’associations, pas d’artistes. » Mais, gros malins que vous êtes, tous les artistes aujourd’hui ont derrière eux une structure. Comment ça, « non » ?? Ah, bon. Ben ils devraient. Comment ça, « ta gueule » ?? Oh eh, ne me coupez pas tout le temps, c’est moi qui l’écris, cet édito. Et remballez vos arguments de fumeurs de pétards, ça ne marche pas. La FAMDT, qu’on le veuille ou non, est l’interface homologué entre nous et les décideurs en matière de politique culturelle. Vous ne viendrez pas vous plaindre, après, qu’on ne parle jamais de vous. Comment ça, « je m’en fous, j’ai une Compagnie conventionnée, aujourd’hui c’est la Région et la Caisse des Dépôts qui me financent, l’Etat ne met que dalle, alors… ». Et là : « Moi j’aime les traditions, je vais à Gennetines tous les ans, je pense que tout devrait être gratuit, j’ai voté Sarkozy et je ne fais pas de politique »…Ah, et à ma droite : « je m’en fous, moi je fais poum-pouêt avec mon diato le samedi, la semaine je suis trader et je gagne 5 bâtons, tiens, la semaine prochaine j’attaque Chypre »…C’est bien ce que je disais. Il nous faut une Fédération pour voir clair dans tout ça. Et toc. |
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Christophe Sacchettini - tofsac@mustradem.com |
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A lire en notant dans son calepin : AG DE LA FAMDT le 14 juin au Chantier (Correns 83) (1) Nous-mêmes, au début, n’étions pas sans nous méfier d’un Centre Régional géré par des artistes comme nous, pourtant les meilleurs experts – parfois placés en concurrence directe avec les autres professionnels du réseau rhônalpin… (2) Fédération des Associations de Musiques et Danses Traditionnelles. http://www.famdt.com/ (3) Patrimoine Culturel Immatériel, ouii, ouiiii, on sait ! (4) Une des vitrines artistiques du milieu, naguère festival, aujourd’hui production de films courts. (5) A l’époque (1989) de la fondation de la FAMDT, les artistes professionnels du réseau en France devaient se compter sur les doigts des 2 mains… |
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