Djal | Répliques

Avec « Répliques », son 1er album – après deux « live » - enregistré en studio, DJAL remet à plat 10 ans de savoir-faire. Le groupe a mis à profit le studio pour élargir la puissance d’expression qui lui est propre sur scène et affirmer une sensualité débridée qui cadre peu avec l’image que l’on se fait des musiques traditionnelles européennes.

DJAL ne craint pas le grand écart entre l’ambiance de cavalerie sonore collective évoquant pêle-mêle les musiques du Centre France, irlandaises ou anglo-saxonnes, et des polyphonies plus recherchées dans lesquelles se libèrent les talents d’écriture des musiciens du groupe. Tout en restant au service de la musique à danser, chaque pièce dévoile ainsi des climats variés, accomplissant parfois plusieurs voyages au cours d’un même morceau. On passe avec bonheur des accents les plus terriens à des entrelacs plus aquatiques, d’acrobatiques mélodies en mazurkas incandescentes, de riffs obsédants en paysages insoupçonnés, d’un vigoureux swing binaire à des improvisations tendues, grain de sable venant à peine gripper une machine trop parfaitement huilée. Quant à la palette d’instruments frottés, frappés, caressés ou gonflés, elle s’élargit avec guitare et percussions diverses qui viennent compléter les vielle, violon, accordéon diatonique, bouzouki, basse et flûtes qui sont les atouts maîtres de ce groupe toujours aussi masculin.

Certains diront que « Répliques » sonne comme l’album de la maturité. On préférera peut-être entendre ce CD comme un moment privilégié de l’histoire du groupe, celui où l’esthétique tend à devenir discours. Le jeu s’organise ainsi entre écriture millimétrée et création collective bouillonnante au cœur d’un volcan, où chaque musicien semble mis en demeure de façonner de l’intérieur une gangue sonore instantanée. Le socle traditionnel est ici assimilé à l’invisible plaque terrestre, toujours en mouvement mais propice à la recherche momentanée de tous les équilibres…à la poursuite, non pas de la mélodie perdue, mais de la partition de la liberté.